FAQ - Modification du facteur de conversion en énergie primaire de l’électricité
Le Diagnostic de Performance Energétique (DPE)
Le DPE est le document de référence sur la performance énergétique des bâtiments. 4 millions de DPE sont réalisés chaque année, principalement pour connaître l’état énergétique et l’impact carbone du logement que l’on souhaite vendre ou louer.
Le DPE a connu une refonte en 2021 puis a été simplifié en 2024 pour tenir compte des petites surfaces.
Par ailleurs, depuis le 1er juillet 2024, la formation des diagnostiqueurs et les contrôles ont été renforcés par arrêté. Enfin, un plan d’action pour restaurer la confiance dans le DPE et lutter contre les diagnostics de complaisance a été lancé le 19 mars et mis en œuvre dans un arrêté entré en vigueur le 1er juillet 2025.
La règlementation européenne sur les DPE impose un affichage en énergie primaire. Lors de la révision de cette règlementation, la France a veillé pour que l’affichage en émissions de gaz à effet de serre soit également possible, en complément. Cette donnée permet aux acquéreurs et locataires de mieux percevoir le poids des consommations d’énergies fossiles de leur logement, et donc les travaux de rénovation énergétique à envisager.
L’énergie primaire
Comptabiliser en énergie primaire revient essentiellement à modifier la comptabilité des consommations d’électricité, en les multipliant par un facteur de conversion reflétant l’énergie utilisée par les centrales électriques et l’énergie perdue par le réseau électrique. L’énergie primaire, c’est en quelques sortes l’énergie disponible dans la nature avant transformation : soleil, vent, uranium, charbon, fioul, bois, gaz, etc.
L’énergie finale
L’énergie finale est l’énergie qui est livrée chez soi, sous forme de gaz, fioul, bois ou électricité. Et c’est celle qui correspond à la facture d’énergie.
Qu’est-ce que le facteur de conversion en énergie primaire ?
La conversion entre l’énergie finale et l’énergie primaire est différente selon l’énergie utilisée :
- Dans le cas de la production d’électricité, le facteur de conversion est aujourd’hui de 2,3. Cela veut dire que, pour que vous bénéficiez chez vous d’1 kWh d’électricité, on considère qu’il a fallu dépenser 2,3kWh d’énergie primaire.
- Pour le bois et le gaz, le facteur de conversion est égal à 1 puisque ces énergies sont directement livrées et consommées dans le bâtiment.
Comment est calculé le facteur de conversion en énergie primaire ?
Pour les énergies qui ne nécessitent pas de transformation telles que le bois, le fioul et le gaz, le facteur de conversion est égal à 1. Ainsi, 1 kWh d’énergie primaire suffit à fournir 1 kWh d’énergie finale.
Pour l’électricité, le calcul est différent car la production d’électricité en France est issue de différentes sources présentant des rendements différents : nucléaire, photovoltaïque, éolien, hydroélectricité, centrales thermiques à gaz / charbon.
Chaque pays est libre d’utiliser le coefficient par défaut retenu au niveau européen (1,9), ou d’utiliser un coefficient national. La France utilisait jusqu’alors un coefficient national, dont le dernier calcul, réalisé il y a quelques années sur la base de la planification énergétique PPE2, donnait un coefficient de 2,3.
Quel lien entre coefficient d’énergie primaire et le DPE ?
Le DPE comporte deux étiquettes : une étiquette énergie qui mesure la performance énergétique du logement et une étiquette gaz à effet de serre qui mesure les émissions de gaz à effet de serre du logement. Le classement final du DPE est obtenu en prenant la pire des deux étiquettes précédentes.
L’étiquette énergie est calculée en énergie primaire. Pour ce faire, on calcule les besoins en énergie finale du logement et on calcule ensuite la consommation d’énergie primaire en fonction de la source d’énergie utilisée et en appliquant le coefficient d’énergie primaire dans le cas de l’électricité.
Pour être précis, la consommation d’énergie d’un logement est évaluée sur 5 usages : chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation, éclairage, auxiliaires. Pour calculer la consommation énergétique conventionnelle du logement, on évalue les consommations de chaque usage en fonction de l’énergie utilisée.
Quelle est la modification envisagée ?
A l’origine ce coefficient était de 2,58 puis a été abaissé à 2,3 en 2021. La valeur par défaut fixée au niveau européen est de 1,9. La France choisit d’adopter le coefficient de conversion calculé au niveau européen plutôt qu’un coefficient national.
Le Gouvernement a annoncé le 9 juillet 2025 la baisse de ce coefficient pour le porter à 1,9.
Pourquoi cette modification du facteur de conversion est-elle réalisée ?
La réforme vise à mieux tenir compte des spécificités du mix électrique français et à focaliser les efforts de rénovation énergétique sur les logements les plus émetteurs de gaz à effet de serre.
Les objectifs de la politique de rénovation énergétique des logements sont de réduire à la fois les consommations d’énergie des ménages, et donc leurs factures, et les émissions de gaz à effet de serre, le secteur du bâtiment représentant environ un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre.
La réforme du facteur de conversion de l’électricité dans le DPE vise à rééquilibrer ces deux objectifs en renforçant le ciblage sur les logements les plus émetteurs de gaz à effet de serre, en cohérence avec les objectifs de décarbonation.
En effet, certains logements chauffés à l’électricité pouvaient jusqu’à présent avoir un classement DPE moins bon que d’autres logements chauffés au gaz à cause de l’étiquette énergie du DPE et d’un facteur de conversion élevé, alors même que, compte tenu du mix électrique national, leur impact carbone était généralement plus faible.
L’abaissement du facteur de conversion à 1,9 entraînera, pour certains logements chauffés à l’électricité, une amélioration de leur classement DPE. Cette réforme contribue donc à recentrer les efforts de rénovation sur les passoires énergétiques utilisant des énergies fossiles.
En reflétant mieux la décarbonation de l’électricité, cette évolution envoie un signal favorable à l’électrification progressive des usages, en cohérence avec les trajectoires de neutralité carbone.
Quel est l’impact concret pour un logement ?
Tous les logements utilisent au moins en partie de l’électricité (éclairage, auxiliaires notamment). Une partie des logements utilise également de l’électricité pour se chauffer, produire de l’eau chaude sanitaire ou se climatiser.
Pour tous ces logements, et toutes choses égales par ailleurs, la consommation d’énergie primaire va baisser du fait du changement de coefficient.
Prenons l’exemple d’un logement 100% électrique avec une consommation d’énergie finale de 100kWh/m². Avant la réforme, sa consommation d’énergie primaire était de 230kWh/m². Après le changement, sa consommation d’énergie primaire sera de 190kWh/m².
Est-ce que mon logement va changer d’étiquette ?
La consommation d’énergie primaire de mon logement va nécessairement s’améliorer après le changement et ce d’autant plus que le logement utilise l’électricité pour se chauffer et / ou produire l’eau chaude sanitaire.
Si la baisse de consommation d’énergie primaire est suffisante, il est possible que l’étiquette énergie du logement s’améliore d’une classe voire dans de rares cas (petits logements) de deux classes. En particulier les logements dont le chauffage et l’eau chaude sanitaire sont assurées par l’électricité (pompe à chaleur, chauffe-eau thermodynamique, chauffe-eau électrique effet joule, chauffage électrique effet joule, etc.) pourraient voir leur classement DPE s’améliorer.
Ce n’est pas systématique. Et ce n’est pas parce que l’étiquette énergie s’améliore que l’étiquette globale s’améliorera (l’étiquette gaz à effet de serre n’évoluant pas).
En tous cas, aucun logement ne verra son étiquette dégradée après le changement.
En cas d’étiquette inchangée, l’évolution proposée du coefficient permettra d’atteindre plus facilement une meilleure classe DPE par le biais de travaux de rénovation énergétique.
A partir de quand ce changement va être effectif ?
Le changement sera effectif à l’entrée en vigueur de l’arrêté modificatif, c’est-à-dire au 1er janvier 2026. Tout nouveau DPE ou audit réalisé à partir de cette date intègrera cette modification.
Quid des DPE déjà réalisés ?
Les DPE déjà réalisés restent valables pendant 10 ans et peuvent être utilisés.
Toutefois comme le nouveau mode de calcul peut dans certains cas améliorer le classement DPE, il sera possible de mettre à jour son DPE sans avoir à le faire refaire par un professionnel.
Pour les personnes disposant déjà d’un DPE à la date du 1er janvier 2026, il sera possible de télécharger gratuitement une attestation officielle de nouvelle étiquette DPE sur l’Observatoire DPE-Audit de l’Ademe (observatoire-dpe-audit.ademe.fr) en entrant le numéro du DPE (qui se trouve en haut à droite du rapport DPE).
Cette attestation remplacera l’étiquette du DPE et aura la même durée de validité que le DPE dont elle remplace l’étiquette.
Cette attestation pourra être utilisée notamment lors de transactions immobilières ou de mises en location.
Les nouvelles étiquettes seront téléchargeables à partir du 1er janvier 2026.
Toutefois, un simulateur sera rendu disponible avant cette date sur le site de l’Observatoire DPE-Audit de l’Ademe pour permettre aux propriétaires du logement d’estimer l’effet du changement.
Quel impact sur les passoires énergétiques et le parc de logement en France ?
Le passage d’un coefficient d’énergie primaire de 2,3 à 1,9 aura pour conséquence la sortie d’environ 850 000 logements (sur la base des chiffres au 1er janvier 2023), principalement chauffés à l’électricité, du statut de passoire énergétique (classe F ou G du DPE) parmi les 4,8 millions de passoires que comptait le parc de résidences principales à cette date.
Quel impact sur transactions immobilières (ventes et locations) ?
Les transactions immobilières telles que les ventes et les locations nécessitent la fourniture d’un DPE valide. Les DPE réalisés avant le 1er janvier 2026 (et après le 1er juillet 2021) seront considérés comme valides de même que les attestations de nouvelle étiquette téléchargées depuis l’Observatoire DPE-Audit de l’Ademe.
Quel impact sur le parcours ménages pour obtenir des aides à la rénovation énergétique ?
De la même façon, les DPE et audits réalisés avant la modification du coefficient restant juridiquement valides, ils peuvent continuer à être utilisés comme justificatifs d’aides, même sans correction du coefficient et en l’absence d’attestation.
Pour les audits énergétiques réalisés avant le 1er janvier 2026, une attestation similaire à celle du DPE pourra être téléchargée sur le même site internet de l’Ademe (observatoire-dpe-audit.ademe.fr) et être utilisée notamment dans les dossiers MaPrimeRénov’ déposés à compter du 1er janvier 2026.
Pour tous les dispositifs, dont MaPrimeRénov’, le demandeur sera responsable de choisir le document qu’il dépose (calculé avec l’ancien ou le nouveau coefficient, ou avec attestation).
Quel impact sur les rénovations énergétiques ?
Le passage à un coefficient de 1,9 va amplifier l’amélioration du DPE permise par l’installation d’une pompe à chaleur dans les logements actuellement chauffés au gaz ou au fioul.
Il ne devrait pas être de nature à inciter significativement les propriétaires de logements actuellement chauffés au gaz ou au fioul à installer des convecteurs électriques : en effet, même si les logements équipés de convecteurs électriques sont susceptibles d’améliorer leur classe DPE avec la modification du facteur de conversion en énergie primaire de l’électricité à 1,9 et bien que ces solutions coûtent très peu cher à l’achat pour le propriétaire, leur coût à l’usage pour l’occupant, qui doit figurer sur les annonces immobilières, est en revanche nettement plus important ce qui est pris en compte au moment de la décision d’investissement.
Le passage à un coefficient de 1,9 pourrait en revanche inciter les propriétaires à équiper leurs logements de chauffe-eau thermodynamiques ou solaires : ces solutions, par ailleurs subventionnées, pourraient non seulement permettre d’améliorer la classe du DPE dans certains cas, mais seraient aussi plus économiques à l’usage.
L’évolution des seuils pour les petites surfaces est-elle prise en compte lors du calcul de la nouvelle étiquette DPE ?
Oui. La nouvelle attestation éditée numériquement par l’Ademe prendra bien en considération les seuils spécifiques aux logements de moins de 40m².